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Le billet du mercredi 29 août 2012

Mon amie africaine inconnue

Curieuse coïncidence, c’est encore sur mon trajet domicile-travail que s’est produit cette étincelle de non-évènement fortuit que j’aime à monter en mayonnaise pour remplir ma chronique.

Cette fois c’était à l’aller. Un beau matin ma foi, où la douceur de l’air et l’optimisme des météorologues m’avait poussé à préférer la bicyclette au métro.

7h45, la ‘Coulée Verte’ sur la commune de Châtillon.

A cet endroit, le côté bucolique de ma piste cyclable habituelle offre encore, sur une dizaine de mètres de largeur, quelques buissons intermittents de haies basses et un ombrage d’arbres moyens, plantés à espace régulier sur ses abords. Au sortir d’une courbe, c’est là que je t’ai découvert, à quelques tours de pédales devant mon guidon, te dirigeant toi aussi vers Paris. Toi que j’appelle ici ‘mon amie africaine inconnue’.

Longue silhouette sombre, drapée dans la lumière d’un tissu plein de couleurs, tu avançais seule au beau milieu du ruban de bitume, me tournant le dos. Tu marchais avec la nonchalance tranquille et déterminée de tes frères d’Afrique ; eux qui ont compris que le corps s’épuise à vouloir devancer le temps.

Et d’un coup, sans prévenir, sans préméditation mais sans hésitations, tu es sortie de la piste par la gauche, ton bras s’est élevé à l’horizontale et ta grande main s’est posée à plat sur le tronc de l’arbre. Une fraction de seconde et c’était fini, la main tirée par le bras avait retrouvé l’ombre du corps, le corps avait repris pied sur le bitume, à nouveau tu avançais comme à mon premier regard. Rien ne semblait avoir été préparé et pourtant tout s’était déroulé avec la précision d’un programme déjà écrit.

J’ai mis le plus de bienveillance possible dans le ‘ding’ de ma sonnette pour te prévenir de mon arrivée et je t’ai doublé pour continuer ma route, la tête pleine de questions.

Impulsion ou habitude ? Pour prendre ou pour donner ?

Avais-tu cédé au besoin de sentir le contact rugueux de l’écorce sur ta paume, avais-tu cherché un échange mystique avec l’énergie végétale ou avais-tu donné à l’arbre cette caresse, comme on touche l’épaule d’un ami pour sceller une connivence ?

Évidemment je ne le saurai jamais mais peu importe, piqué par la spontanéité de ton geste, son souvenir m’a accompagné tout le jour et m’a décidé à le fixer dans ces quelques lignes : ce qui n’est pas le moindre de mes plaisirs.

Ceci explique, qu’en remerciements, j’ai pris avec toi la liberté du tutoiement et que j’ai poussé la familiarité jusqu’à t’appeler ‘mon amie africaine inconnue’.

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