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Atelier d’écriture du 10 février 2025
« ENVIE »
Je me souviens d’une émission de télévision consacrée à la dépression où le chanteur Michel Delpêche – c’est un souvenir ancien – était venu témoigner de son expérience personnelle. Pour résumer cette période sombre qui avait duré pour lui plusieurs années, il avait eu ces mots : « On voudrait avoir envie ». Si je me suis toujours souvenu de cette phrase, c’est sans doute parce qu’elle était associée à l’émotion d’un récit sincère et touchant.
Ainsi, « envie » en un seul mot et « en vie » en deux mots seraient non seulement des homonymes phonétiques mais aussi des synonymes ? Cette idée de considérer les envies comme le carburant nécessaire pour rester en vie pleinement me plaît bien. Je la trouve particulièrement juste le matin. Sans cette envie de vivre, qu’est-ce qui nous pousserait à nous extraire de la chaleur de la couette ?
Tiens, quand je repense à la ribambelle passée de mes lundi matins laborieux, je me dis que se lever tôt devrait être beaucoup plus facile quand on est retraité !
Car évidemment, l’envie est liée au plaisir et la gamme est large. Cela peut être déjà celui de tous nos sens qu’il suffit de savoir tenir en éveil, celui du partage avec les autres, les attentions que l’on va donner, les mots que l’on va recevoir. Cela peut être aussi le plaisir de faire, avec ses mains, avec sa tête, avec son cœur.
Quand c’est une envie créatrice qui me hante, un bricolage astucieux, un texte à rédiger ou un montage audio-visuel à concevoir, j’adore cultiver l’envie pour faire durer son plaisir virtuel. J’aime bien la garder au chaud dans mon cerveau pendant des jours, la laisser imprégner mes pensées à sa guise et grandir comme un fœtus cérébral. C’est un moment où je peux encore croire que je vais faire un chef d’œuvre. Dès que j’aurai commencer sa réalisation, ce sera fini, je comprendrai que ça n’en sera pas un…
Tous les slogans de notre civilisation consumériste nous poussent à réaliser nos envies. C’est absurde. Une fois satisfaite, l’envie n’existe plus et sans envie, que nous reste-t-il comme avenir ?
Car l’envie est toujours future, c’est une drogue douce qui nous aide à oublier notre finitude et ce temps qui continuera de s’écouler sans nous, un jour. Alors, quand on poursuit une envie que vaut-il mieux : être en chemin ou être arrivé ?
Décidément, quel trésor de questionnements peut-on trouver dans le mot « envie » !
Le substantif est solaire et lumineux ; l’adjectif qu’on en a fait est son côté obscur.
« Envieux ».
Et voilà que se profile l’âme sombre de Iago qui, « envieux » des succès d’Othello, lui ouvre perfidement sous les pieds le gouffre de la jalousie pour le laisser s’y engloutir….
Pouah ! Je hais l’adjectif !
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