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J’aime écrire, je ne m’en cache pas. Beaucoup de gens n’aiment pas ça, qui considèrent l’écriture comme une épreuve et ne s’y résolvent qu’en renâclant. A rebrousse-plume. Moi j’ai pris le parti d’en rire et de m’en amuser. Certains jouent aux mots croisés, moi aussi. A ma manière.
Je joue à piocher dans le dictionnaire de notre riche langue pour trouver ceux qui décrivent le mieux ce que je pense. Je les essaye, pour entendre comment ils se placent dans la ligne des phrases. Je les regarde, de loin, pour voir s’ils font bonne figure dans les colonnes de toute l’histoire. J’en remplace un, j’en inverse deux. Comme ça, juste pour le plaisir de tester quel effet ça ferait. J’allonge les phrases en déroulant les idées, ou je les découpe à grands coups de points. Ensuite, je les écoute pour savoir quelle musique elles jouent.
C’est très amusant.
Donc j’aime écrire, là n’est pas la question, mon problème serait plutôt … que je n’ai pas grand-chose à raconter. Ça c’est ballot !
Il y avait bien les textes de mes diaporamas qui étaient autant d’occasion de me faire plaisir mais c’était un peu juste. Alors en 2012, j’ai commencé à tricher ; j’ai écris pour ne rien dire. Je parlais de tout et de rien. De ces petits riens qui commencent par peupler notre quotidien et finissent par remplir nos vies. J’ai appelé ça mes « billets du jour ». Le jour, c’était celui du déclic : cette petite bosse contre laquelle le pied butte et qui donne envie d’y empiler des mots pour en faire toute une montagne.
Attention ! Ne rêvons pas, ça ne ‘déclique’ pas 365 fois par an. D’abord il faut retirer tous les jours où il ne se passe rien et aussi tous ceux où l’on a envie de rien dire. Et puis écrire sur tout, ce n’est pas rien ! Et enfin, même quand on joue, ce n’est pas si facile de jouer « bien ».
Quand une idée a germé, ce n’est pas fini. Il faut encore qu’elle grandisse et qu’elle mûrisse. Il faut la laisser s’étoffer. Moi, j’aime bien aussi l’oublier un peu, m’en détacher. Quand j’y reviens, c’est plus facile pour l’élaguer et la tailler – je suis incorrigible, ma première pousse est toujours trop touffue. Tout ça ne se fait pas du jour au lendemain. A la fin, il faut aussi savoir dire « Ça suffit, c’est bien ! », même si ça ne l’est pas.
Un peu plus tard, sentant venir la retraite, j’ai eu besoin de textes un peu plus longs où j’ai le temps de rafraîchir ma mémoire avec des souvenirs, de souligner les travers de ce monde qui m’échappe de plus en plus. Le temps aussi d’exposer quelques idées pour clarifier dans ma tête toutes ces nébuleuses de pensées qu’elle a accumulées. J’ai qualifié tout ce bazar de « souvenirs, digressions et idées courtes ».
Depuis l’année dernière je participe à un atelier d’écriture. J’avais envie de voir qu’est-ce qu’on y fabriquait alors j’ai poussé la porte. Moi qui attendais que les idées me viennent tranquillement, sans les bousculer, l’écriture sous contrainte, ça a été un choc !
Passe encore de devoir commencer ses phrases par certaines lettres, ou n’utiliser aucun adjectif, ou encore ajouter une syllabe de plus à chaque phrase, c’est un jeu et il n’y a pas de jeu sans règle. Mais devoir faire ça sous le tic-tac du chronomètre ! Là mon cerveau se rebiffe !
Je suis plus à l’aise avec ces textes qu’il faut bâtir autour d’un mot choisi par l’un ou par l’autre. Vous avez quinze jours. Ouf ! ça c’est mon rythme. A la lecture, le résultat est étonnant. Il est rare que deux textes parlent des mêmes choses. Chaque mot est un monde et chacun y place celui qui est le sien. J’ai eu la surprise de constater qu’il m’était même possible d’y mettre des mondes imaginaires que je n’avais pas vécus. Moi qui pensais ne savoir écrire que sur mes souvenirs….
Quant à la hauteur de mes sujets, ne nous emballons pas. Ce ne sont que des bluettes pour le plaisir des mots et du jeu.
Mais, si la Muse dont mes mots s’amusent a la faveur de vos suffrages, alors, allez-y sans hésiter : élisez la et lisez moi !

