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Explications préliminaires : l’Alain évoqué dans le texte est l’un des participants à l’atelier d’écriture.


Atelier d’écriture 18/11/2024

ABREUVOIR

Le 4 Novembre, la nouvelle se répandit sur le monde : Quincy Jones s’en était allé au paradis faire se trémousser les anges. Le même jour, Alain, sans hésitation et avec un brin de malice, nous proposait le mot « abreuvoir ».

Pour tous ceux dont le tympan est relié par un fil mystérieux à la plante du pied, pour répondre au besoin impérieux du corps de battre la mesure, la relation entre les deux évènements coule de source car durant des décennies, leurs oreilles se sont assouvies délicieusement à l’abreuvoir où « Maître » Quincy  déversait ses flots de musique.

A quinze ans, ce gosse de Chicago à l’enfance difficile a déjà un pied dans les orchestres professionnels, entraîné par son copain Ray Charles, à peine plus vieux que lui. Il est une éponge. Il s’imprègne de toutes les musiques des autres qu’il analyse et qu’il distille.

Pour parfaire son talent de compositeur, il nous a fait l’honneur d’aimer la France. Durant sa période parisienne, il est l’élève appliqué de Nadia Boulanger pendant le jour et la nuit, il sombre dans les caves survoltées de Saint-Gremain-des-Prés.

Sa musique coule comme un torrent joyeux, rempli de l’éclaboussure des cuivres. C’est une eau puissante et libre : interprète, compositeur, arrangeur, producteur. Il s’infiltre partout.

Il y a parfois des courants sournois qui charrient des eaux fétides empestant la bêtise. Il est le premier aux États-Unis à faire céder les digues de ce tabou stupide qui interdit aux musiciens noirs d’écrire pour les instruments à cordes.

Il collabore avec les plus grands : Lionel Hampton, Dizzy Gillespi, Duke Ellington, Charlie Parker, Miles Davis. Mais Quincy Jones, c‘est plus que le jazz. Il suit tous les méandres de la mode musicale. Son talent lui permet de le faire avec le même bonheur et la même réussite en mêlant harmonieusement dans ses orchestrations l’énergie organique et la sophistication audacieuse.

Il a dompté la pulsation contenue du swing, il s’est accompli dans les fulgurances débridées du be-bop, il a déroulé le velours sous la voix de Frank Sinatra, il a fait vibrer les moteurs du funk, il a ciselé l’atmosphère des films, il a cicatrisé les déchirures de la soul. Il a puisé à toutes les sources.

Ouvert à tout, ouvert à tous, c’est lui qui, avant les autres, a pressenti le talent de Michael Jackson et gagné, grâce à lui, ses galons d’hommes d’affaires en produisant l’album « Thriller » dont le souvenir nous fait encore frissonner la chair comme l’onde sous la risée.

Pour les mille bonheurs qu’il nous a offert en délectant nos oreilles assoiffées de milles fraîcheurs corsées : mille mercis Mister « Q »(*).

Et pour la perche tendue à lui rendre hommage : merci Alain.

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