temps de lecture 4 mn
Pas facile la versification. Dans la première version de cette tirade je m’étais pas mal mélangé les pieds, trahi par tous ces « e » qui ne sont pas toujours muets quand ils terminent les mots. Après explication des règles et correction, il me semble que cette version est correctement campée sur ses 12 pieds. Pour ce qui du respect des hémistiches, qualifier ces vers d’alexandrins serait peut-être pousser le bouchon un peu loin…
Un grand moment ludique pour moi qui aime bien le décalage du style par rapport au sujet.
Atelier d’écriture du 05 mai 2025
« MARINIERE »
Le temps est venu où l’homme, hanté par le doute,
Craint soudain que la Terre de son sein ne le boute.
Ils sont déjà nombreux pour défendre à cette heure
Les espèces menacées par le grand prédateur.
Les uns par exemple, avec une ardeur féroce
Réclament l’Afrique entière pour le rhinocéros.
D’autres s’indignent des mille et une vaches en traite
Dans ces si grands manèges qui, c’est sûr, les maltraitent.
On ne sait plus compter les pourfendeurs de viande
Qui traquent les bouchers pour les mettre à l’amende.
Manger des champignons, même, suscite l’opprobre
Aussitôt que revient la fraîcheur de l’Octobre.
Pourtant dans ce concert, une voix reste absente,
Pour punir un enfer plus fort que ceux de Dante.
Qui aura l’audace de porter à la lumière
La détresse éperdue de nos moules marinières ?
Où est le glaive hardi qui, tel un nouveau Cid,
Lèvera sa bannière contre ce génocide ?
Encaquées, entassées tout au fond du poêlon,
Qui s’émeut de leurs larmes, attisées par l’oignon ?
A ces vaillantes fourmis qui filtrent nos eaux,
On offre sur leur fin la puanteur des aulx.
Sournoisement enivrées par un verre de Gros Plant
Pour finir à la « Une » d’un mauvais restaurant,
Dans la fournaise elles se meurent, soumises à la question
De savoir d’où leur vient toute cette inquisition.
Quel funeste destin, chères bivalves altières
D’échouer là, sur le zinc, dans les relents de bière.
Finir ainsi, vulgaires, comme un plat à dix balles
Si loin des gloires illustres que reçut Hannibal.
Le savez-vous, Léons de Bruxelles ou d’ailleurs,
Poissonniers, écaillers et vous les mareyeurs
Qu’en arrachant ainsi les moules à leur bouchot
Vous noircissez vos âmes à celles des bourreaux !
Après avoir goûter à ma noble tirade,
A n’en pas douter, vous soutiendrez ma croisade
Et, de ma belle foi pour honorer la mitre,
Sûr ! La prochaine fois, vous choisirez les huîtres !
Ma plus grande satisfaction : avoir fait rimer « à dix balles » avec « Hannibal » !
⭐ Laissez votre avis sur cet article !
Si vous souhaitez voir d’autres publications sur le même sujet, cliquez sur l’étiquette ci-dessous


Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.